Sur les quais. Début de fatigue…
Paris, 07 avril, au départ du marathon de Paris pour ma deuxième participation pieds nus à une épreuve d’endurance, après le marathon de Seine Eure en octobre 2012. Cette fois aucune blessure pour me faire douter pendant un mois avant l’événement. Une préparation qui termine avec des sorties de 35 à 40 kilomètres, et environ une semaine de repos complet au préalable.
Départ de marathon glacial
Après l’épreuve du métro (impossible de s’asseoir à cause du kilt !) c’était l’épreuve du rassemblement, retrouver mon amie Leslie Slater qui me proposait de l’accompagner sur un temps de 4 heures. Temps radieux, mais seulement 3° – pas d’autres solutions en sandales huarache (sans chaussettes) que de trottiner en attendant Leslie, puis de la suivre à travers le rond point d’Etoile, expérience inédite pour moi, pour des photos de groupe.
Tant de rencontres chauffent le coeur, mais hélas, pas les pieds, qui perdent toute sensibilité un peu avant que nous nous rendions en groupe dans le sas de départ. Leslie ne semble pas souffrir du froid dans ses Vibram FiveFingers, et finalement, le faite de ranger mes huaraches pour enfin me mettre en situation
Etoile, tentative de rechauffer les pieds…
ne change rien – pas de sensations ! L’ambiance est plutôt bonne dans le sas des 4H et le départ de l’épreuve se fait tranquillement sur la plus belle avenue du monde.
Marathon pieds nus : le regard sur le sol
#marathonpiedsnus Départ ! Attention aux débris qui jonchent le sol… Pas se faire mal avant même de passer la ligne de départ 😉
Comment éviter de se faire piétiner par la foule au départ de la course ? Cette question revient souvent. Les orteils écrasés sous les baskets ? La vérité – aucun problème particulier, pour deux raisons. D’abord la foulée pieds nus est tellement compacte que les pieds ne dépassent pas, ni devant, ni derrière. Cela permet de courir tranquillement dans sa bulle, même dans une foule compacte. Ensuite, le regard du barefooteur est porté automatiquement sur le sol, car il y a un petit danger effectivement avec les débris jetés par autres coureurs – bidons, vêtements, etc. J’ai vu passer des bananes entières ! Dommage, pas le temps de les attraper…
Du coup, à force de faire des petits pas tranquilles sur les pavés avec Leslie, son lièvre Thierry Sellem et un groupe d’amis, mes pieds se sont réveillés sur la longue ligne droite de la Rue de Rivoli. Heureusement que le revêtement n’était pas trop mauvais, car d’expérience, les premiers kilomètres d’une course pieds nus, les pieds ne sont pas encore bien gonflés par la circulation, et les sensations peuvent être désagréables…
Premier RDV amical, rue du Faubourg Saint-Antoine : Olivier Censier, à peu près devant feu sa boutique de chaussures minimalistes, “FeelGood Village”… Belle perspective ensuite en remontant l’Avenue Daumesnil pour atteindre la Porte Dorée – les pieds en grand forme, bavardages avec les coureurs, la foulée sans effort. Aussitôt arrivé dans le Bois de Vincennes, tous les hommes coureurs s’arrêtent dans le pré pour pause technique 😉 J’ai suivi l’exemple, oubliant l’absence de chaussures… La brûlure des orties m’a accompagné jusqu’à la ligne d’arrivée !
Temps de passage : 10 kilomètres : 00:57:05
#marathonpiedsnus 1H de course : La route dans le Bois de Vincennes serait TRÈS abîmée à cause du froid (nids de poule, gravillons) – OOLA!
Bois de Vincennes, tranquille… (Leslie Slater, photo)
Pour chaque nouvelle course, le coureur pieds nus cherche à se renseigner sur le parcours s’il ne connaît pas le trajet. Venant de l’ouest parisien, je ne connais pas le Bois de Vincennes. Un coureur, bien intentionné (à priori!) m’avait prévenu que les routes dans le Bois de Vincennes étaient fortement dégradées à l’issue de l’hiver rigoureux. Ergo, je craignais la Bérézina. Rien. Au contraire, plusieurs sections refaites à neuf…
Temps de passage : 21,1 kilomètres : 01:59:45
#marathonpiedsnus 2H de course : environ la mi-course – on se trouve en bord de Seine, le revêtement OK, ligne blanche je t’adore 😉
C’est la première fois que je cours derrière un lièvre. Thierry Sellem ouvre la voie à Leslie, qui vise 4H. Ceci nous évite de nous emballer pendant la première heure – Leslie, de nature exubérante, a tendance à accelerer au début. Thierry, plusieurs fois finisher de l’UTMB, calme les esprits et court d’une régularité exemplaire.
Sur les quais. Début de fatigue…
Ce “frein” se transforme en main tendue lorsque nous entamons ensemble notre deuxième semi-marathon, avenue Daumesnil. C’est alors que je commence à manger quelques morceaux de banane lors des ravitaillements et que j’embarque une bouteille d’eau. Autour de nous, les regards se figent, les foulées font du bruit, le brouhaha ambiant se tasse. C’est le début de la course en endurance, et je “lis” la chaussée pour trouver des passages hospitaliers pour mes pieds. Chercher à ce stade des lignes blanches et du goudron lisse, ce n’est pas de la triche, c’est de la gestion de course, pieds nus 😉
Premier décrochage avec mes deux meneurs. Séparé à un ravito, je remonte la voie Georges Pompidou à guetter le maillot jaune de Thierry, sans succès. Premières signes de fatigue. Les passages souterraines plombent le morale, surtout les montées dans une lumière incandescente, aveuglante, qui rendent difficile la lecture du sol. Avec le soleil proche du zénith, les débris ne font plus d’ombre, et je marche plusieurs fois sur des cailloux…
Soudaine, des cris dans mon dos : Leslie et Thierry, que ne m’avaient finalement pas doublé !
Temps de passage : 30 kilomètres : 02:50:45
#marathonpiedsnus 3H de course, je cherche ma femme rue Molitor 😉 Next, le Bois de Boulogne – route parfois dégradée. La fin est proche.
Le « mur » du marathon pieds nus
Malheureusement, la fatigue commence à gagner, et je perds doucement le contact avec Thierry, implacable sur son allure de 4H. Le revêtement me gêne sérieusement quand on quitte la Seine, rue Mirabeau. A 32 kilomètres, je crois ma femme qui n’a pas le temps de dégainer son appareil photo – elle descend le flux de coureurs comme une flèche sur son vélo, pour m’immortaliser, Porte de Molitor.
(Légèrement) moins crispé que mes co-galériens ? (Photo Babix)
A l’entrée du Bois de Boulogne, kilomètre 33, sérieux coup de mou, peut-être pas assez d’alimentation…. Discuter avec d’autres coureurs, ça aide à tenir. Par contre, avec les deux neurones encore en état de marche, et l’un qui guettait les débris au sol, le deuxième avait forte à faire pour aligner des phrases, alors impossible de me souvenir avec qui je parlais – désolé si vous m’avez interrogé, j’ai oublié vos noms !
Au ravito Porte d’Auteuil douleur soudaine sous l’arche du pied droit – une écharde de verre se fiche dans la peau à cause de l’eau par terre. Arrêt d’urgence pour le dégager fissa avec l’ongle – succès ! Plus de gêne par la suite, impossible même de retrouver l’endroit exact après la course… Voilà pourquoi le les bouts de verre n’impressionnent pas spécialement les coureurs pieds nus – la douleur nous incite à remédier immédiatement au problème, avant que l’objet puisse s’incruster profondément dans la peau…
Au kilomètre 38, allée de la Reine Marguerite, les “bosses” infligent leur punition. Autour de moi, les coureurs marchent, tirent sur leurs jambes pour les dénouer, s’écroulent par terre en attendant d’être secouru. Troublante, cette vision apocalyptique qui m’avait été épargnée sur mon premier marathon pieds nus, le Seine Eure. Je n’envisage pas de marcher, mais je progresse de moins en moins vite, par manque de jus et par sensibilité des plantes. Un bref instant, l’étandard du meneur d’allure 4H apparaît quelques centaines de mètres devant moi, puis s’évapore dans la foule… Ici le revêtement n’est vraiment pas “barefoot-friendly”, les lignes blanches en mauvais état voir oblitérées par les éléments.
L’apparition de Greg Runner, fondateur de la Runnosphère (l’association de blogueurs-coureurs la plus influente de France) m’a fait le même effet que l’homme qui rencontre un marchand de glaces dans le désert – voyant ma mine défaite, il sort un tube rouge de OVERSTIM.s (le légendaire “Coup de fouet” si crucial dans mes courses cyclistes d’antan , déjà entamé par un autre naufragé de la route, mais qui rend suffisamment de motivation pour me remettre d’aplomb. (Techniquement je n’ai donc pas réussi à finir la course sans l’intervention de produits chimiques – next time !) Surtout, Greg m’a remonté le morale avec une petite phrase – l’arrivée à moins de 4 kilomètres !
#marathonpiedsnus 4H de course, Ave. Foch et la ligne d’arrivée, bientôt. Ca va faire drôle de remonter là ou j’ai commencé le pieds-nus.
42 kilomètres. L’attaque médio-pied (midfoot) toujours valable… (Photo Maya Sport)
Dans le dernier kilomètre avant l’arrivée, juste avant la Porte Dauphine, une déferlante de coureurs, des revenants qui retrouvaient des forces pour finir au sprint. Pas d’accélération pour moi, mais quelques photos de Maya Sport démontrent que ma forme pieds nus n’avait pas cédé à la fatigue – toujours une belle attaque par le milieu du pieds – ce qui réfute les dires de ceux prédisaient une fin de marathon sur les talons. Non mais !!
Merci Daniel Dubois, mon maître à penser barefoot !
Arrivée triomphale sur l’avenue Foch, une remontée le long de la barrière droite afin de saluer les spectateurs et de savourer un nouveau succès, pieds nus. Une pensée émue pour mon maître barefoot, Daniel Dubois, plusieurs fois finisher du Marathon de Paris, pieds nus, dès 1998. Je lui dédie cette course !
Temps de passage : 42,175 : kilomètres : 04:07:03
Récupération après marathon pieds nus
Voici une photo de mes pieds, quelques heures après le marathon. On ne constate rien d’anormale : un peu de rougeur, aucune ampoule, ni coupure. Le mini-trou laissé par le bout de verre ne se voit même pas…
Quelques heures après le marathon. Pas de traumatismes, bien sur 😉
J
Cuisses douloureuses, adducteurs de papy, genoux comme d’hab, mollets comme d’hab (!); pieds comme d’hab (!!)
J+1
Cuisses un peu douloureuses, adducteurs un peu tendus.
J+2
Cuisses quasiment rétablies, adducteurs comme d’hab
J+3
Plus la moindre sensation de fatigue d’après-marathon.
J+7
Première sortie, 20K pieds nus avec juste un peu de fatigue à la fin, endurance.
La seule séquelle physique à signaler : un tendon au niveau de la malléole intérieur droite qui fait un peu mal au bout d’un certain temps en sortie, et qui met un jour à rentrer dans l’ordre. C’est un symptôme chronique depuis deux mois environ, sans doute lié au kilométrage élevé, pieds nus, pendant mes préparatifs, 60-80K hebdo. Je ne consulterai pas – le gêne n’est pas très important, mais certainement un peu moins de distance les semaines après mon deuxième marathon…
Remerciements
Daniel Dubois (inspiration barefooting) ; Leslie Slater & Thierry Sellem (soutien moral et stratégique) ; Maya Sport (soutien logistique et photos) ; Greg Runner (soutien morale et alimentaire); Ti_Tom (soutien moral); Babix (soutien moral, photos) ; Olivier Censier (soutien moral) ; @twilouer @fmarichez @yxelle @etpendantcetem @ti_tom @_adc Tarquine @pjournel @runningemotion @cuisine_hublon @metagoler @sanji @valmente @christopheW @alegrandrunning @trackandnews (Tweetos supporteurs/supportrices)
Photos Marathon de Paris Pieds Nus
Etoile, tentative de rechauffer les pieds…
Deux approches similaires…
Leslie n’a peur de rien ! (Photo Leslie Slater)
Deux approches similaires…
Bois de Vincennes, tranquille… (Leslie Slater, photo)
Sur les quais. Début de fatigue…
(Légèrement) moins crispé que mes co-galériens ? (Photo Babix)
42 kilomètres. L’attaque médio-pied (midfoot) toujours valable… (Photo Maya Sport)
42 kilomètres. L’attaque médio-pied (midfoot) toujours valable… (Photo Maya Sport)
42 kilomètres. L’attaque médio-pied (midfoot) toujours valable… (Photo Maya Sport)
Merci Daniel Dubois, mon maître à penser barefoot !
Quelques heures après le marathon. Pas de traumatismes, bien sur 😉
Un grand bravo à toi !!
Félicitations, tu finis à peine entamé !!
Et le corps désormais habitué récupère particulièrement vite !!
Content d’avoir t’avoir vu sur ta superbe course !!
[…] dans mon entraînement, objectif repos après deux marathons pieds nus (Paris et Sénart) il y a quelques semaines. Place à des distances plus courtes, avec un peu de […]