
Christian Barefooteur Harberts - 20K de Paris 2011
 
Les 20K de Paris, pieds nus.  Un an de reconversion, deuxième objectif de ma première année de barefooting, après Paris-Versailles.  Préparation physique irréprochable, douze mois d’entraînement, et une  distance que je tutoie depuis un moment.  Ma seule  crainte, qu’il pleuve.  Dans les forums dédiés, la question de courir  pieds nus sur sol détrempé fait couler beaucoup d’encre, et pour certains, fait perdre la peau sous le pied…
Récit de course – les 20K de Paris 2011, sans chaussures
Paris,  dimanche matin, 09 octobre, ciel de plomb, pluie battante, au réveil.   Pas du tout à l’aise dans mon sac poubelle et mes sandales huaraches  sur le quai du RER C, et encore moins dans la rame, pieds nus (pour  sécher mes semelles) sous les regards dubitatifs des autres sacs  poubelle voyageurs.  Pire ensuite – en essayant de faire sortir un  coureur sans ticket, ce dernier m’arrache les deux huaraches dans le  tourniquet en me marchant sur les talons.  Un policier le cueille  aussitôt, et je me sauve discrètement après avoir récupéré mes sandales  malmenées…
Pis  encore, la pluie s’intensifie dès que je prends place dans la foule  agglutinée sur le Pont d’Iena.

20 Kilomètres Paris 2011 - Pieds Nus
 
Du coup, il faut un effort considérable  pour afficher une mine réjouit face aux nombreuses questions qui fusent  au sujet de mon choix de soulier.  Pour l’instant, le sac en plastique  cache mon maillot “Courir Pieds Nus” mais les plus perspicaces autour de  moi se doutent que je mijote une surprise quand je troque mes huaraches  pour des chaussettes, aussitôt trempées.  Quarante-cinq minutes à  piétiner, pas bon du tout du tout pour faire une telle distance sans  rien entre les semelles et la route…  Je dissimule mon angoisse en me  trémoussant avec mes voisins devant l’animateur sur l’écran vidéo géant,  heureux au moins de ne pas avoir froid.
Départ,  la monté de Trocadéro, j’avance tant bien que mal, ça bouchonne sur les  pavés, et du coup, je pense plus à ma stratégie de contournement qu’à  mes pieds gelés.  Heureusement ceux-ci trouvent facilement prise sur les  carrés mouillés et m’aident à dépasser sur les îlots et trottoirs.
Km  1 Avenue Raymond Poincaré. Le revêtement devient franchement  désagréable, très abîmé.  La combinaison de froid et  accélérations/freinages font souffrir la deuxième métatarse du pied  droit, et je guette désespérément du goudron lisse.  Pas de chance –  il  y en a sur les trottoirs, mais cet espace est totalement envahi par  d’autres coureurs qui tentent de doubler.
Km  2 Avenue Foch, ENFIN de la place pour manoeuvrer.  J’en profite pour à  la fois chercher du lisse pour faire récupérer mes semelles, et surtout,  m’extraire des grappes de coureurs moins véloces. Progressivement, la  tension baisse, je retrouve ma sérénité habituelle, et (donc?) mes pieds  se réchauffent et cessent de faire mal.  Je commence à roder ma  réplique pour la question la plus fréquente de la journée : “Vous n’avez pas mal ?”
Km  5 00:24:28 Au Bois de Boulogne, mon terrain de jeu habituel pour le  barefooting. Quel bonheur de pouvoir courir en plein milieu de la  chaussée, loin des débris qui jonchent les trottoirs à longueur d’année.  Coucou, Allée de Longchamps, mon tortionnaire préféré – aujourd’hui, tu ne me feras pas mal ! Premier ravito, mais j’ai ni faim, ni soif. Faut d’expérience, je  m’embourbe dans les coureurs arrêtés pour se rafraîchir, n’ayant pas vu à  temps qu’il fallait prendre le milieu de la chaussée pour éviter les  ennuis.  Une jeune femme me pousse violemment dans le dos pour s’arrêter  aux tables, sans s’excuser.  Allée de la Reine Marguerite, je remonte  le fil de coureurs avec un autre participant qui me pose mainte question  sur le barefooting – sympa !
Km  10 00:48:08 Deuxième ravito – ça va, merci quand même !  Ici dans le  16me le Boulevard Exelmans est propre et lisse comme un tapis rouge,  avec une piste cyclable à disposition, tantôt pour les plus lents,  tantôt pour les plus véloces.  Je jongle trajet et discussions avec  d’autres coureurs. La pluie tombe en continue, et rend les marquages au  sol extrêmement glissants sous mes semelles.  Il me semble que la la  surface lisse fait apparaître une fine couche d’eau –  aussi traître que  de courir sur du verglas.  Au contraire, dans la descente vers les  quais, mes pieds accrochent bien, et ce sont les coureurs chaussés qui  semblent patiner…  Nan, je les double alors !

Barefoot dans les flaques !
 
Comme  le revêtement est propre et la foule moins dense, je lève la tête et  admire un instant ce ruban de points colorés qui borde la Seine sur la Voie George Pompidou, avec la  Tour Eiffel à moitié cachée par le brouillard.  C’est alors que j’épie  une série de grosses flaques qui empiètent sur un tiers de la chaussée.   Même mouillés jusqu’aux os, mes ami coureurs les évitent à tout prix.   Curieux, et utile pour moi, car je n’ai pas les mêmes scrupules !  Sans  dévier de mon trajet à un mètre du trottoir, je les traverse dans des  gerbes d’eau, sous les rires des autres coureurs 😉  Enhardi par cette  opportunité de remonter dans le paquet, j’alterne ensuite entre trottoir  et flaques, éclaboussant au passage un coureur qui crie sa colère, et  qui n’a peut-être pas entendu mes excuses proférés… Vraiment désolé !
Km  15 01:11:59 Ultime ravito, toujours besoin de rien. La pluie lâche un  peu, les spectateurs deviennent plus nombreux sur les bords de route.  Souterrain Albert 1er,  une nouvelle fois bonne opportunité de faire  l’andouille, pousser quelques cris pour faire résonner les parois en  céramique, histoire de revigorer la cohorte de coureurs autour, et  surtout, moi.  Avant d’emprunter le Pont du Carrousel, la course  effectue un drôle de crochet sur la Place du Carrousel, et les petits  pavés envoient leurs bords tranchants dans mes semelles.  Même si la  peau tient bien, la sensibilité des plantes commence à augmenter avec la  fatigue, et la recherche de revêtements lisses m’intéresse de plus en  plus.  Malgré ces considérations, je trouve encore de la motivation pour  remonter entre les groupes de coureurs.  Je constate une nouvelle fois  qu’un revêtement rugueux est plus facile à aborder si la foulée est plus  rapide, même si cela nécessite une utilisation des talons, par moment,  pour soulager les dessous des métatarses.
Passés  sous la flamme (c’est comme dans le cyclisme, non?) qui signale le  dernier kilomètre, je profite une dernière fois de cette vue sur la Tour  Eiffel à ma gauche, et le deux rangs de spectateurs qui applaudissent  (généralement après mon passage !) mon approche si particulière de la  course à pied.  “Non” une dernière fois, “j’aime pas la douleur – autant rester au lit si ça faisait mal !”   Ultime sourire (enfin c’est plutôt une grimace crispée à cause du  froid qui s’installe à travers mes vêtements mouillés) pour les  photographes, et passage sur le tapis bleu qui matérialise la fin de  l’épreuve.
Km  20 01:36:05 au chrono, bien mieux que les 01:40 espérés avant la  course.  En faite, je n’ai pratiquement aucune expérience de course  pédestre, alors je vise un tempo un peu plus rapide qu’en entraînement.   Pas de stratégie de course, juste éviter de trop demander des pieds,  trop tôt dans la course.
Courir 20K pieds nus – bilan
Les pieds

20 Kilomètres Paris 2011 - Pieds Nus
 
Honnêtement, je craignais le massacre. J’avais réussi à provoquer de profondes frottements entre les couches d’épiderme au mois d’avril dernier, dans des conditions similaires, avec (de  mémoire) une sortie de 14K.  Pas des ampoules visibles à la surface,  mais à quelques millimètres de profondeur, tellement douloureuses que je  ne pouvais à peine marcher pendant un jour.
20  kilomètres sous la pluie : rien.  La couche de peau est bien plus  épaisse qu’il y a six mois, les coussinets (capitons) plus prononcés.   Évidemment, pendant 12 heures les semelles sont un peu sensibles, comme  après chaque sortie longue.  Seul les talons mettent quelques jours à  se rétablir – je les sens au début de ma première sortie post-course,  pendant les premiers kilomètres.  Un ami coureur, Daniel Dubois, m’indique que c’est normal.
Je  ne me suis pas fait piétiner.  A aucun moment un autre concurrent a  marché sur mes pieds, même dans le cohue avant la ligne de départ.  Il  me semble bien la foulée plus compact permet de se protéger  efficacement, et de s’approcher plus près, des concurrents devant soi.   Très pratique pour doubler.
La santé
Certains  prétendent que l’on s’enrhume par les pieds.  Je n’y crois absolument  pas, étant pieds nus chez moi, y compris sur le carrelage été comme  hiver, et sans jamais tomber malade.
Par  contre, garder sur soi un t-shirt mouillé après une course, puis se  promener ainsi par 10° sous la Tour Eiffel à la recherche d’autres  membres de la Runnosphère – ça, oui  – ça file la crève !  Plus encore, garder les affaires  mouillés pendant une heure, le temps de rentrer chez soi… Encore une  preuve que j’ai quelques leçons à apprendre en matière de gestion de  course…
Conclusion
Courir  pieds nus nécessite bien moins d’énergie que courir chaussé. Cette  pratique m’a totalement convaincue pour des épreuves sur route. Je me  mets déjà à rêver de distances plus longues. Selon les experts, il faut  compter deux ans d’entraînement barefoot pour courir le marathon.  Ete  2012, donc… Tiens, pourquoi pas !  A suivre…
Les autres récits de la Runnosphère
Me faire signe si vous avez écrit votre compte-rendu sur cet épreuve – je mettrai le lien ici !
Les photos de l’épreuve

Christian Barefooteur Harberts - 20K de Paris 2011
 

Dossard 20K Paris 2011 Christian Barefooteur
 

20 Kilomètres Paris 2011 - Pieds Nus
 

Christian Barefooteur Harberts - 20K de Paris 2011
 

Christian Barefooteur Harberts - 20K de Paris 2011
 

20 Kilomètres Paris 2011 - Pieds Nus
 

20 kilomètres de Paris 2011 pieds nus - Parcours
 

20 kilomètres de Paris 2011 pieds nus - Diplôme Finisher
 
                                            
                                         
                                        
On ne peut pas dire que tu aies été particulièrement gâté à tous les niveaux pour cette belle première !!! Raison de plus pour en admirer le résultat et te féliciter à la fois pour la performance, ton état physique à l’arrivée et le récit parfait qui en est l’aboutissement !!… Bravo Christian pour cette belle récompense, bien méritée après une simple (!) année de préparation !!…
Joli paradoxe du coureur pieds nus au dossard sponsorisé par un fabricant de chaussures…. En tout cas bravo et merci pour ce retour d’expérience !
Salut Jean-Marc ! Tout à fait d’accord avec ta remarque pour la marque à chaussures – c’est d’ailleurs pour ça que j’ai modifié le dossard, histoire de la faire mienne 😉
12,5 km/H de moyenne c’est bien vu les difficultés de rythme du début, la foule etc… ça aurait été plus sympa de courir à plusieurs pour la logistique comme pour la course. En 2012 il faut qu’on s’organise ça avec Daniel!
Très beau récit, bravo pour le perf et le récit, j’ai adoré le passage dans les flaques et le coureur chausse qui râle ! Ses belles amorties mouillées mon dieu ! ;-))) bonne chance pour le marathon !
In the picture of you running I am afraid of you, serious face and all. Well done Christian, so full of respect for you and your dedication. See you soon I hope.
Bravo à toi pour cette belle perf’ !!
La distance s’allonge !
Comme tu l’as dit précédemment, à raison de 10% de distance supplémentaire chaque mois, tu arriverais déjà au marathon en été ?
Remets toi bien de cette course, et attention au carrelage de la cuisine, ça coupe parfois ! 😉
Bravo pour cette perf et pour ce récit!
Justement je cherchais plus d’informations par rapport aux pieds nus par temps de pluie.
A très bientôt!
Bravo! Je n’ai jamais osé le faire.
Merci pour ce récit bien écrit et pour les photos.
J’aimerais bien voir comment se sont remis tes pieds depuis la course, pourrais-tu ajouter une photo pour que je puisse comparer s.t.p?
Un petit bonjour apres notre rencontre d hier sur le semi de Boulogne (ma premiere course en five fingers)
J ai termine en 1h37(mon meilleur chrono) de tres tres bonnes sensations jusqu au 20 eme km mais une douleur au talon tres vive au 21 eme (je n ‘en aurais pas fait beaucoup plus)
mais sur les 20 1er tres facile pas d’essouflement tres confortable
maintenant il faut recuperer
j ai vu ton temps j ‘espere que tout s’est bien passe pour toi
Sportivement
JEROME
[…] Les 20 Kilomètres de Paris 2011 – pieds nus ! par Christian 20 km de Paris, j’ai souffert mais je me suis battu par Mathes Posté par Sebastien Commentaires (0) Commentaires (0) Trackbacks (0) Trackbacks (0) Nom (requis) E-mail (ne sera pas publié) (requis) Site Web […]
[…] 20K, semi-marathon, pieds nus. C’était en 2011. 2012 – Place au marathon ! Mais pas dans […]