
Les Foulées Meudonnaises 2012 10 kilomètres pieds nus - Photo Elisabeth Pascard
 
Les barefooteurs, hommes et femmes, sont des coureurs entreprenants.  Pour preuve : Nicolas, ami barefooteur qui habite dans la ville d’à côté, m’a proposé il y a quelques jours de courir la Foulée Meudonnaise avec lui.  Sans chaussures.  J’ai hésité jusqu’au weekend, car j’avais bien morflé lors de la ’EcoTrail où j’avais couru 30 kilomètres en sandales huarache.
A vrai dire, je ne peux rien lui refuser à Nicolas, car non seulement il assiste régulièrement aux animations barefooting,  il est aussi une véritable pointure (!) parmi les courent-pieds-nus  dans la Région Parisienne.  Habitué à courir en club, Nicolas n’a  commencé sa reconversion qu’il y a six mois, mais s’entraîne pieds nus  en pleine Forêt de Meudon …  On se comprend bien, c’est sur !
Pas  de stresse, donc, dimanche matin, 1er avril quand je me pointe comme  une fleur sur la Terrasse de l’Observatoire de Meudon, sans dossard. Ouf  – je tombe sur Sydoky qui  me propose le dossier d’une amie absente et l’inscription se fait sans accrocs.
Fidèle  à mes habitudes, je ne connais rien au parcours, en dépit du fait que  le revêtement m’importe beaucoup plus que les autres coureurs  confortablement installés dans leurs chaussures de compét.  Au détour  d’un petit galope d’échauffement, je réussis quand même à élucider le  trajet lors des premiers 700 mètres de la course.  Ce sera sur les  chemins à graviers de la Terrasse.  OK, bon…
Trop  tard pour rentrer me coucher.  Nicolas doit déjà être en train de  piétiner dans la foule d’environ 900 coureurs qui se lancera sur cette  22ème édition d’une course devenue incontournable dans la Région.  Je me  faufile non pas vers la tête de la course, mais à ses pieds (désolé !)  toute à la fin, car j’imagine facilement devenir paillasson si je pars  doucement devant, en évitant les cailloux !  Échanges habituelles avec  mes compagnons de route, qui s’étonnent de me voir enlever mes  huaraches.  Elles feront toute la course avec mon coupe-vent dans une  sacoche porté en bas du dos.
Un départ au sprint improvisé
Départ  donné, les plus véloces s’envolent devant nous dans une nuage de  poussière, et Nicolas me double sans me voir, avec les membres de son  club, et son fils.  Les barefooteurs, ça se reconnaît entre eux par les  pieds !  Comme j’ai déjà trouvé une ligne adéquate pour éviter le pire,  je l’encourage à me suivre et nous commençons à doubler tout le monde à  gauche, d’abord sur l’allée centrale (sable comme à la plage) puis  carrément sur la pelouse au delà de la rangée de peupliers qui  canalisent les coureurs sur les premières hectomètres avant la sortie du  parc.  On ne se refait pas – même pieds nus, je ne peux m’empêcher de  remonter aussi vite que possible la file des participants avant  l’arrivée sur la chaussée.  Le cyclisme m’a marqué à vie 😉
Après  la seule montée du parcours ,je m’installe dans mon rythme de  croisière, pieds nus, environ 13 Km/heure.   Cette partie du trajet, la  Route Royale à l’entrée du Bois de Meudon, je la connais bien, car c’est  par ici que nous sommes passés en septembre dernier lors de l’épreuve  de Paris-Versailles 2011, ma première grande course pieds nus.   Je trouve que le revêtement est devenu plus doux – sans doute, les  plantes sont davantage habituées au barefooting (courir sans chaussures)  depuis six mois. Je slalome entre les grappes de coureurs, saluant les  remarques à l’égard de ma drôle de pratique, et en discutant avec  certains.
Passage difficile dans la forêt – mieux en chaussures
L’idylle  se brise brutalement après le kilomètre 4, un peu avant le ravito –  chemin tout en gravillons, aie !  Bien sur, pieds nus, ça passe, mais je  suis pressé, il y a le chrono qui tourne, pas le temps pour avancer à  deux à l’heure…  Mais je sais bien – on ne discutent pas avec les  pieds, c’est eux qui commandent, et là, ils disaient – EH-oh, doucement,  on fait du 9-10 km/h, pas plus, faut pas délirer !  En effet, en  ralentissant, je déniche un trajet un peu moins horrible, surtout sur la  lisière ou il y a un peu de matière végétale (y compris des bogues de  châtaigne ??).
Pendant  4 kilomètres ce sera un passage peu plaisant, pas du tout  “barefoot-friendly” mais j’ai bien cherché les ennuis, c’est vrai !  Je  m’en sortirai presque indemne, avec juste une hématome sous la plante  droite, derrière les métatarses, mais qui ne me ralentit pas après  quelques minutes de douleur (mes pieds ne se blessent plus tellement de  la sorte, depuis un an).  Évidemment, bon nombre de coureurs que j’ai  dépassé en frimant, me redoublent à présent, mais ils et elles ont la  noblesse de ne rien dire à l’égard de ma situation délicate – et je leur  en suis reconnaissant.
Arrivée à toute allure, pieds nus sur les gravillons
La  situation se redresse dès lors que nous retrouvons la Route Royale – il  reste moins que deux kilomètres pour atteindre la ligne d’arrivée, et  je monte un peu en régime “pour l’fun”.   J’augmente légèrement  l’amplitude de chaque foulée, en gardant le rythme si curieux des  coureurs pieds-nus – environ 190 foulées/minute.  Ma respiration se  stabilisent autour de 14 km/heure, puis je ralentis légèrement, foulée  oblige dans la descente vers la ville de Meudon.

Les Foulées Meudonnaises 2012 10 kilomètres pieds nus - Photo Elisabeth Pascard
 
Au dernier virage il reste encore 500 mètres et je double un jeune  coureur en difficulté que je tente de motiver. Ça marche – il arrive à  recoller, et je profite du bitume lississime pour accélérer à plus de  15km/heure, un énorme effort pour mes veilles jambes 😉  A cette  vitesse, la foulée est tellement lisse, l’attaque pieds nus tellement  sur l’avant du pied, que autour de moi tout devient étrangement calme et  fluide – magique.. avant de se gâter sur les derniers deux cent mètres,  avec pour commencer des gros pavés que je n’avais même pas vu en  sortant du Parc, et puis, juste après la fanfare (merci les gars !) les  ultimes mètres de sentier en gravillons, eh oui…  Tant pis pour le  sprint final, ce sera une approche raisonnable sur le bord gauche de  l’allée centrale, là ou il y a un peu plus de sable que de cailloux.    49:13 selon ma montre, quelques  secondes de plus selon les résultats  officiels, toujours moins de 50 minutes.
L’Exploit de Nicolas

Les Foulées Meudonnaises 2012 10 kilomètres pieds nus - Photo Elisabeth Pascard
 
Vite rejoint par ma femme et ma fille, je me retourne pour guetter  Nicolas, qui arrive un instant plus tard, lui aussi en moins de 50  minutes – formidable, et lui aussi, sans jamais revêtir de chaussures en  cours de route.  Il  s’avère que Nicolas est mieux entraîné pour affronter ce type de  difficulté rencontrée dans la forêt, car il s’entraîne pieds nus sur ces  mêmes chemins.   Il a certainement les pieds plus résistants aux aspérités que les  miens…  Cela ne fait que prouver l’importance d’une préparation  physique adéquate, et des très bons résultats qui sont possibles avec  seulement une demi-année de reconversion au barefooting.  Chapeau !
Conclusion
Remarquable  quand même de pouvoir regrouper non pas un mais deux coureurs pieds nus  sur une même épreuve !  La Foulée Meudonnaise n’est pas idéal pour  cette pratique avec le passage en foret, mais là n’est pas l’essentiel  que vous devez retenir.  Méditez bien à ceci : Nicolas, après seulement 6 mois d’entraînement pieds nus, a réussi un excellent chrono sur 10 kilomètres.   6 mois pour renforcer ses pieds, et s’habituer à la foulée  minimaliste.  Certes, chaque coureur mettra plus ou moins de temps à  préparer les diverses distances pieds nus, mais je constate que nous  avons tous les deux mis environ le même temps à pouvoir effectuer une  course de 10K sans chaussures.  Cela  valide encore plus dans mon esprit le planning souvent avancé  Outre-Atlantique, selon lequel il faut un an pour un semi-marathon, et  deux ans pour un marathon, pieds nus.  La patience et la progressivité auront raison de tous les obstacles.
Liens
Sydoky – Foulée Meudonnaise 2012
Site de l’événement – https://fouleemeudonnaise.unblog.fr/
                                            
                                         
                                        
Bravo Christian ! Tu as été plus vite que moi 😉
Je n’ai encore jamais croisé Nicolas dans la forêt de Meudon, nous ne devons pas avoir les mêmes horaires ni les mêmes parcours.
extras!! 6 mois, je trouve çà génial !
Bravo et à toi aussi Christian après un écotrail.
Bon il me reste un peu moins de trois mois pour passer de 5 à 10 Km et faire non plus 1.5 Km pieds nus mais dix en oubliant les huarraches… on peu tjs rêver mais ça me semble juste ?!? lol
Merci Christian pour ton sympathique compte rendu.
Un petit lien sur mes 2 ans de conversion….et mes 6 mois Barefoot
https://www.facebook.com/note.php?saved&¬e_id=106289692826138