Question : pieds nus, c’est plus rapide ?
Question pratique – Courir pieds nus, c’est plus rapide ?
Loïc Reimonenq vit à Notre-Dame-des-Prairies, Québec, Canada.
Il a 36 ans et pèse 75 kg.
Il court depuis 1 an. Il n’a pas encore débuté la course pieds nus, voir les chaussures minimalistes.
Il court en moyenne 3 fois par semaine, entre 20 et 30 kilomètres hebdomadaires, pour des sorties d’une durée de 45 minutes par sortie en moyenne.
Pour la compétition il dit : »J’ai déjà fait des compétitions : 10K. »
Sa question :
» Est ce que le fait de courir pieds nus va diminuer ma vitesse et mes performances acquises. Et si oui, est-ce de manière temporaire, le temps de s’adapter? »
L’avis de Christian Barefooteur
La question de la performance est fréquente dans les discussions. Devant une reconversion de leur pratique, de nombreux coureurs craignent de perdre de la vélocité, peut-être de façon durable.
Pourquoi courir pieds nus peut augmenter la vitesse
L’absence de poids au bout des pieds devraient réduire l’énergie dépensée pour lever/poser deux poids de plusieurs centaines de grammes. La science n’est pas encore d’accord sur l’avantage énergétique – j’entends parler d’une économie d’énergie allant de 4 à 10 pour cent. C’est le faite de ne pas devoir accélérer / décélérer le poids des milliers de fois par sortie.
Le contact du pied au sol permet d’optimiser l’orientation du tronc, à commencer par le bassin. Plus le revêtement est difficile, plus les jambes vont amortir et adoucir la tenue du bassin. Plus le bassin est stable, moins il y a du rebond, ce qui économise de l’énergie, également. Eviter de courir en extension atténue les impacts, et fait également économiser de l’énergie.
Pourquoi courir pieds nus peut diminuer la vitesse
Sans chaussure pour protéger la peau des pieds, le coureur pieds nus est beaucoup plus exposé au mauvais revêtement. Normalement, en cas de sol qui pique, le coureur pieds nus ralentit, et tente de poser ses pieds pour distribuer au mieux le poids sur l’ensemble de la plante. Selon le cas, la vitesse sur une mauvaise section de route peut dégringoler, à cause de plantes trop sensibles. On arrive certes à endurcir les pieds, mais ça prend du temps : par exemple 1 an pour courir un semi, et deux ans, le marathon.
De manière générale, plus le revêtement est dur et prévisible, plus le coureur peut foncer. Sur des sentiers inconnus en pleine nature, la vitesse pieds nus risque de baisser, prudence et manque de confort obligent. Une bonne route dégagée avec un revêtement propre et lisse – c’est idéal. La réalité est souvent moins favorable, certains passages feront certainement ralentir le coureur.
Il m’est même arrivé à l’occasion de courses de devoir ralentir pour laisser s’éloigner un paquet de coureurs devant moi, histoire de pouvoir « lire » la route. Entouré de dizaines de coureurs, on ne voit pas où on pose les pieds et on devient prudent, là aussi…
C’est compliqué !
Je connais des coureurs pieds nus qui courent très vite de toute façon. Personnellement, j’ai gagné une poignée de minutes sur 10K par exemple – mais mon age et ma morphologie excluent de grosses améliorations de vitesse 😉
Il y a cependant une certitude – plus Loïc courra pieds nus, plus il courra vite. La peau va s’habituer, s’épaissir, se protéger contre les micro-traumatismes rencontrés. Les passages qui sembleront pénibles au début, deviendront plus facile avec la pratique. Des coussinets vont se former, très utiles pour gérer les gravillons et pas avoir froid ou chaud, selon la saison.
C’est donc impossible de déterminer si courir pieds nus permet de courir plus vite. Certains coureurs – Zola Budd, Abebe Bikila, et d’autres ont marqué le monde de la course à pied, sans chaussures. Je crois que la plupart des coureurs pieds nus ne courent pas après un meilleur chrono, mais plutôt une meilleur santé, de meilleurs sensations. Peut-être même pour marquer les esprits et marquer des points dans certains combats 😉
A vous, amis coureurs – ça vous a freiné, ou boosté, courir pieds nus ?
Que voulez-vous savoir sur la course pieds nus ?
- Vous démarrez ?
- Vous luttez contre des blessures lors d’une reconversion ?
- Vous savez pas comment commencer ?
Nous répondrons à vos questions, soit ici sur le site, soit sur le forum de la Barefoot Runners Society France, réputé pour la qualité et l’expérience de ses membres, en la matière.
Pour poser une question, vous pouvez la saisir ici sur le formulaire dédié « Questions ».
Bonjour Christian, Bonjour à tous,
Merci d’avoir partager et répondu à ma question!! Cela fait maintenant 1 mois que j’essaie de débuter ma transition vers le minimaliste/pieds-nu, mais l’hiver étant, cette année, très rigoureux au Québec, j’ai du mal à faire mes 3 sorties par semaine; Eh oui, ici on est pas mal tous « tanné » de l’hiver et j’avoue que au dessous de zéro, ça ne me tente plus d’aller courir.
Mais depuis une semaine les températures montent la journée (entre 0 et 8 degrés) et je fais donc des sortie de 5 km en chaussure « normal », et je fini par 5 minutes en minimaliste (4 séances) et aujourd’hui je suis passé à 8 min de minimaliste de fin de mes 5 km; Pour le pied-nu j’attends que les températures montent encore un peu.
Pour en revenir sur le sujet de la vitesse, il est difficile pour moi d’évaluer l’impact du pied-nu car entre l’an dernier et cette année je constate une augmentation de ma vitesse moyenne passant de 6,0 min/km l’an dernier à environ 5,35 min/km depuis 1 mois avec une nette amélioration de ma vitesse en fin de course lorsque je suis en minimaliste (environ 5,15 min/km) mais il faut dire que c’est en fin de course de 5 km donc après environ 25-30 min d’échauffement.
Amitiés,
Loïc
La question est assez bizarrement formulée car elle contient la réponse.
Passer du chaussé au pied nu diminue et la vitesse et les performances pour une durée variable selon les individus et sans garantie de revenir à son niveau précédant. Le seul moyen de le savoir c’est de s’investir et d’y aller vraiment.
Bon, en même temps, courir 30 kilomètres par semaine ne fait pas de Loïc un coureur ayant un niveau exceptionnel, donc il ne va pas perdre grand chose. Peut-être même qu’en s’entraînant différemment avec une musculature qui lui reste à découvrir et à exploiter à son meilleur potentiel, il va devenir meilleur que chaussé. Probablement.
Pour la résistance plantaire, il faut s’entraîner sur des revêtements mixtes pour apprendre à varier ses appuis et à courir léger. Faire 30 bornes sur route, trottoirs et pistes cyclables n’est pas une bonne manière de renforcer ses pieds et est préjudiciable pour le corps car on fait toujours les mêmes mouvements. Ça aura pour conséquence de reproduire une mauvaise posture indéfiniment – si mauvaise posture il y a – avec le risque de voir apparaître une pathologie.
Contrairement à ce qu’on lit un peu partout, il ne faut pas débuter sur route et pas sur le plat.
Loïc, tu te trouves d’abord une belle côte pas trop raide et tu vas tout de suite sentir tes pieds se poser correctement au sol. Pas besoin de réfléchir à la pose sur le medio-pied, ça va se faire sans passer par la case réflexion et être intégré dans ta bio-mécanique.
La côte à d’autre avantages car elle permet de développer l’auto propulsion donc les fessiers, l’ouverture de la hanche avec l’allongement de la foulée par l’arrière, tout en faisant travailler en résistance. La course en côte c’est une séance de vitesse déguisée en course lente.
Ensuite, une fois la bonne posture intégrée, il faut courir sur chemins avec des petits cailloux pour que les stimuli nociceptifs – les capteurs de la douleur – t’obligent à courir léger. Foulée courte, rapide, appuis variés, défense des semelles plantaires qui vont épaissir et non devenir dures comme le croient les gens qui ne courent pas pieds nus. La course sur chemins est moins une question de résistance plantaire qu’une capacité à ‘épouser’ le sol sur lequel on court. Ça demande à développer une musculature réactive et un réseau neuronal adapté.
Ne te prend pas non plus la tête avec le temps ou la distance dans un premier temps, tes plantes te diront jusqu’où elles peuvent te porter sans porter préjudice à ton squelette et à tes tendons. Prévoit d’emmener avec toi de quoi te chausser pour rentrer. Et ne te sent pas humilié de ne pas pouvoir courir loin avant de devoir stopper, tout le monde passe par là. Ma première course pieds nus à durer trois minutes, au bout d’un mois, je courais quinze minutes et au bout de 3 une demie-heure. Aujourd’hui je cours sans problème deux heures trente sur chemins par temps froid et sol détrempé.
La course pieds nus c’est un engagement, c’est du travail et il faut oublier les performances les 6 premiers mois au moins – mais c’est très variable. Il faut accepter de tout reprendre à zéro et être patient.
Ce n’est pas facile, c’est pourquoi c’est plus simple de chausser des VFF et se lancer tête baisser vers une fracture de fatigue.
Mais quand on persévère la récompense c’est juste un autre monde, une autre façon de courir, un autre rapport au corps, au monde, à soi.
C’est toi qui voit 🙂